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Note bio-bibliographique

© Photo JMM, 2001

Jacques Darras, né à Bernay-en-Ponthieu (Somme) en 1939, a publié des ouvrages de poésie (La Maye, Le Petit Affluent de la Maye, William Shakespeare sur la falaise de Douvres), des essais (Le Génie du Nord, La Mer hors d'elle-même, Joseph Conrad, veilleur de l'Europe) et des traductions (Ezra Pound, Walt Whitman, Malcolm Lowry). Il dirige la revue in'hui depuis 1979.

Il vient également de faire paraître, dans la collection "L'Arbalète", aux éditions Gallimard, Moi, j'aime la Belgique.


Présentation du livre :

« Ce livre est une navigation. Une navigation vers le Nord, vers les îles, vers le bout des terres. Le poème traverse la Manche, aborde les falaises anglaises, joue avec Shakespeare, Bunting, MacDiarmid, Mackay Brown, comme s'ils étaient eux-mêmes posés sur la mer, encerclés par la mer. A un moment, l'espace rencontre le temps. On débarque sur une terre nommée Paradis, terre de l'au delà des terres. Pour changer de monde, il faut changer d'image du Paradis. On ne peut pas supprimer le désir de Paradis. Le poème est l'embarcation la plus sûre, la plus économe pour se lancer dans sa direction. «

Jacques Darras


 

 

Jacques Darras

MACBETH ÉMEUTIER


Poème extrait de L'Embouchure de la Maye dans les vagues de la Manche, Ed. « Le Cri, In'Hui », 2000.


Il faudrait trop d'appuis pour soulever les vagues

Il faudrait capturer la lune pour en faire un levier

Il faudrait délivrer la chaîne des planètes -

On ne renverse pas la mer par un coup d'état !

L'armure simple de la mer avec ses mailles d'eau

L'étroite cuirasse grise où elle s'épouse elle-même

Qu'aucune lame ne pourra dissocier d'aucun corps

Tant le corps de la mer fait corps avec ses lames,

Demeure le rempart le plus sûr des féodalités.

Démence de croire pouvoir mettre à raison la mer !

Démence de prétendre l'enrégimenter dans l'émeute !

D'émeute contre soi l'éternelle émeutière,

Pour qui le soulèvement est une seconde nature,

Est d'autant moins capable qu'elle en est coutumière.

S'ameuter pour la vague c'est à l'exemple d'une meute

Courant échine contre échine sous des fanes vertes

Pendant des milliers et milliers d'hectares d'heures.

Mais quel est le gain à la seconde où le soleil tombe,

Baignant comme un chevreuil flasque dans son sang

Dont on maintient les pattes pour les lier deux à deux,

De quel souffle d'animal esoufflé la mer la sueur ?

De quel pouls s'amplifiant sous les côtes l'amplitude ?

Tant d'images ensemble se pressent dans sa course

Qu'une réplique d'elle-même se dédouble forêt

Plus fluctuante que l'autre au for de ses lisières

Spectre d'arbre debout avec son tronc rigide

Couché à plat, fuyant selon le sens de l'horizon


 
Portrait de Jacques Darras par le peintre Eugénie De la Croix, réalisé au Mont Noir le pluvieux dimanche 10 juin 2001, à l'occasion du Festival "Par Monts et par mots".

(Photo © JMM)